Une société belge plus résiliente face aux risques

Adopté en 2021, le Plan fédéral de développement durable (PFDD) amorce sa dernière ligne droite et comprend 239 mesures que les services publics fédéraux se sont engagés à mettre en œuvre d’ici 2026. Ces mesures participent à la concrétisation de l’Agenda 2030 des Nations Unies et à l’atteinte des 17 Objectifs de développement durable (ODD). Depuis juin, nous publions des articles afin de vous faire découvrir les réalisations du PFDD.  Ce mois, cap sur la thématique « Renforcer la résilience face aux risques ». 

Renforcer la résilience face aux risques

Cette thématique compte 28 mesures qui s’articulent autour de quatre grands axes :

  • Gérer les risques de catastrophes actuels et futurs
  • Accentuer la lutte contre les trafics
  • Modifier la loi sur le milieu marin
  • Elaborer et mettre en œuvre un Plan d’action national sur les perturbateurs endocriniens

Concrètement, cela s'est traduit par la réalisation de nombreuses actions dont vous pouvez retrouver le détail dans le rapport des membres de la CIDD (pages 77 à 81). Nos reportages nous ont amenés à nous intéresser à trois sujets cruciaux pour notre quotidien et notre avenir. Cet article est consacré au premier sujet, les deux autres seront développés dans d’autres articles : 

  1. La mise sur pied de la nouvelle Direction générale « Preparedness & Response » au sein du SPF Santé publique, dans le but de renforcer la gestion des crises sanitaires. Découvrez notre reportage/interview du Docteur Bertrand Draguez ci-dessous ;
  2. La création du centre belge du climat.
  3. La lutte contre le commerce illégal de bois par la mobilisation de tous·tes les acteur·rices pour participer aux opérations belges, européennes et internationales dans le domaine. 

Accroître la résilience de la Belgique face aux crises sanitaires

Être prêt, l’objectif assigné à la Belgique est limpide. Pour ce faire, suite à la crise COVID, le SPF Santé publique a connu une importante révolution et a été encouragé à revoir son organigramme. Une nouvelle direction « Preparedness & Response », entièrement dédiée à la préparation et à la gestion des futures crises sanitaires a vu le jour. Sa mission est double : préparer et planifier d’une part, fournir des réponses efficaces d’autre part.

Ce mois-ci nous sommes allés à la rencontre de Bertrand Draguez, le responsable de cette unité qui compte une dizaine de collaborateur·ices. Il est également Président du Risk Management Group qui regroupe aussi bien les entités fédérales que fédérées. Après avoir œuvré pendant plus de vingt ans en faveur de l’organisation Médecins sans frontières, il a décidé de relever ce nouveau défi qui consiste à augmenter les capacités des autorités belges à faire face aux risques multiples auxquels la Belgique est exposée, qu’ils soient sanitaires, climatiques ou géopolitiques. Une mission de la plus haute importance de par la gravité des risques identifiés et la taille de la population qui pourrait être touchée. 

Depuis novembre 2023, Bertrand Draguez s’efforce d’améliorer sensiblement la coordination, inter-sectorielle, entre les différentes entités grâce principalement à une collaboration efficace. Une mission qui repose sur deux piliers : 

  • l’identification, la préparation et la planification des risques ;
  • la mise en œuvre de solutions et réponses tant individuelles que collectives en termes de santé publique. Il s’agit d’élaborer des scenarii et de les tester régulièrement afin d’évaluer, d’améliorer notre capacité de réaction et d’action. 

Une politique de coordination qui balise l’activation d’outils pour identifier et prévenir au plus vite tout risque de propagation. Tout cela avec pour leitmotiv de garantir les soins en toute circonstance. En parallèle, il importe d’accroître la capacité de résilience de la population.

« Il est certain que nous allons devoir affronter de nouvelles pandémies. On sait qu’elles vont apparaître dans certains secteurs, mais on ne sait pas quand, ni où, ni avec quelle ampleur ». Bertrand Draguez nous explique pourquoi il est tellement difficile de prévoir l’occurrence, de déterminer la prévisibilité d’un risque, même s’il est clairement identifié et connu. Et pendant une pandémie, il préconise une approche plus « communautaire ». « A savoir que ma santé à moi va impacter celle de mon voisin. Et j’irai même plus loin, la santé de mon poulailler va peut-être impacter la santé de mon voisin ». 

Prioriser les risques

Les risques auxquels la population belge est exposée sont multiples. Ils peuvent être classés en trois catégories : 

  • les risques de maladies respiratoires dont la forme la plus répandue est la grippe ;
  • les maladies vectorielles -c’est-à-dire celles causées par des bactéries, virus ou parasites- véhiculées et transmiss par des organismes vivants appelés vecteurs (comme par exemple les moustiques) ;
  • les maladies qui se transmettent par contact direct de fluides. 

Il est essentiel de prendre en compte à la fois la santé humaine, la santé de l’environnement, la santé végétale et la santé animale, selon le principe « One world, One health ». La Direction générale « Preparedness & Response » met au point, sur le plan opérationnel, des procédures et actions qui reposent sur deux principes fondamentaux : le management des ressources humaines et les stocks stratégiques de médicaments et de vaccins. A cela s’ajoute le monitoring permanent via, par exemple, un protocole d’accord avec Sciensano et l’institut de médecine tropicale d’Anvers.

Si les maladies tropicales nous semblent lointaines, il faut se souvenir que la Grèce a été frappée par une épidémie de dengue à grande échelle en 1927-28. Cette épidémie a provoqué le décès de 1500 personnes et en a rendu malades plus d’un million, paralysant le pays. Plus récemment en 2007, la région de Ravenne en Italie a dû faire face au virus Chikungunya, avec des conséquences moins graves. L’Europe n’est donc pas à l’abri de nouvelles épidémies dues à des agents pathogènes exotiques. Même s’ils ne sont pas, actuellement, les plus à craindre. 

Bertrand Draguez nous parle des mesures à prendre pour contenir ces phénomènes. Il évoque l’approche primordiale de priorisation des risques. Par ailleurs, si nous assistons bien à un effondrement de notre biodiversité, il nous indique, qu’en matière de maladies infectieuses, nous devons faire face à une augmentation de certaines espèces porteuses de maladies. En raison des changements climatiques, ces espèces font leur apparition sous nos latitudes ou survivent en plus grand nombre après des hivers très doux. Certaines sont invasives, comme les moustiques tigres. D’autres prolifèrent lorsque les conditions climatiques leur sont favorables, comme les tiques qui transmettent la maladie de Lyme, ou les insectes piqueurs qui provoquent la maladie de langue bleue.  

Communication et besoin d’appropriation

Face à cette multiplication des risques, il s’avère primordial que cette prise de conscience en termes de préparation et de gestion efficace soit partagée tant par les décideur·euses politiques que par les gestionnaires de l’administration. Prévention et préparation doivent être actualisées en permanence. Par ailleurs, il est indispensable que la population soit également alertée des risques dans un premier temps, et qu’elle soit rassurée sur les mesures de précaution à prendre le cas échéant (mesures proposées et pas imposées), de sorte à renforcer sa résilience. Cela implique aussi de déconstruire les nombreuses « fake news » et fausses croyances. Dans des situations de crise, les autorités se doivent de communiquer de façon ciblée, via le Bourgmestre en cas de canicule par exemple. Un autre moyen efficace pour convaincre et augmenter le niveau d’appropriation, d’engagement est de toucher les groupes ou les personnes de façon individuelle par l’entremise d’un « Community leader » comme nous le raconte Bertrand Draguez, ce qui permet d’adapter les messages aux particularités des personnes, selon leurs origines, leur culture ou leurs convictions personnelles. 

« Préserver l’environnement, c’est évidemment nous protéger de maladies. La déforestation, la fonte des glaces, la destruction de l’habitat naturel des animaux, les changements climatiques…tout cela constitue des facteurs de risque pour la santé humaine ». Bertrand Draguez, « Chief Medical Officer » de la Direction générale « Preparedness & Response » du SPF Santé publique


Découvrez nos autres articles consacrés au PFDD

Découvrez l'article Comment le Plan fédéral de développement durable contribue-t-il à la lutte contre les inégalités ?

Découvrez l'article Transformer l'économie belge

Découvrez l'article Plan fédéral de développement durable : améliorer l’accès aux droits sociaux


Plus d'infos sur la mise en œuvre du plan

Le Plan fédéral de développement durable 2021-2026

La CIDD présente la politique de développement durable des services publics fédéraux en 2024

Le Plan fédéral de développement durable : des actions qui vous concernent